ARCHIVES DE DEPARTEMENT HISTORIQUE

« Amour, donne-moi ta force, et cette force me sauvera. » Nous vivons au beau milieu de la campagne, notre maison ressemble à un petit cottage. J’étais la dernière des trois enfants de mes parents, Billius et Tatiana Weasley. Non loin, dans cette contrée tranquille on pouvait apercevoir une immense maison où vivaient mes cousins et cousines. Deux maisons qui pourraient n’en former qu’une seule, nous étions toujours fourrés ensemble, chez l’un ou chez l’autre, dans un jardin ou dans l’autre. La neige avait recouvert l’herbe verte qui poussait tout autour de la maison. Cette blancheur laissait mes grands yeux rêveurs. Emmitouflée dans mon pull en laine, tricoté par ma mère, je me roulais dans la neige en riant aux éclats, mes cheveux roux étaient devenus blanc, et j’en avais les oreilles si rouge que j’aurai pu effrayer un gnome. Mes mains étaient endolories par le froid, je n’avais même pas pensé à mettre les gants qu’on m’avait offerts pour mon dernier anniversaire, j’avais eu six ans ! Papa disait que j’étais une grande à présent. Prenant des gros morceaux de neiges à pleines mains j’essayais de construire un bonhomme de neige, c’est le sixième ce matin. Je m’étais mise en tête de faire la famille Weasley tout entière faites de neige. « Solange ! » entendis-je hurler depuis la maison, ma mère avec sa voix forte et énervée me regardait d’un air désapprobateur. Je la vis poser le torchon à travers la fenêtre, prendre sa cape, mettre ses bottes et se diriger avec des petits pas rapides et précipités vers moi. Les yeux amusés, je courus vers elle, en lui jetant de la neige. « Regarde, regarde, c’est nous ! J’ai même fait au bonhomme de neige de papa un petit bidou pour qu’il soit plus ressemblant. » Dis-je fière de moi. Maman disait toujours que Papa devrait forcer un peu moins sur les pâtisseries. Elle attrapa les mains gelées en retenant un rire, puis se repris en me jetant un regard outragé. Tatiana Weasley était une femme très impressionnante, ancienne sang pur, elle a quitté sa famille pour se marier avec Billius. On ne m’a jamais vraiment raconté cet épisode de leurs vies, il fut sans doute très difficile, être renié par sa famille parce que l’on aime doit remettre beaucoup d’éléments en question dans la vie d’une personne. Je la laissais faire sans broncher lorsqu’elle se mit à frotter mes mains dans les siennes, cette sensation me fit rire. « Tu as assez joué. Tu rentres immédiatement. » Dit-elle d’un ton dur. Je fis une mine boudeuse, je n’avais aucune envie de rentrer, je m’amusais tellement, et puis, la famille n’était pas finie. « Et tu ne discutes ma fille. Allez, à l’intérieur ! Je t’ai déjà dit de mettre des gants, la prochaine fois, tu écouteras. » Ajouta-t-elle. Je rentrais dans la maison avec des petits pas forcés, le regard de ma mère dans mon dos. La bonne odeur d’une soupe à la citrouille emplissait l’air de l’habitation, à l’étage j’entendais mes deux aînés rire aux éclats. Mon père était assis à une table un livre à la main, je courus le rejoindre pour m’asseoir sur ses genoux. Il était si absorbé dans sa lecture qu’il eut un moment de recul, accompagné d’un rire léger face à mon empressement. Caressant doucement vers moi, il avança le livre dans ma direction. Je savais à peine lire, j’allais doucement décortiquant chaque mots. « Qu’est-ce que c’est ? » Demandais-je à mon père. Avec un sourire, il fit tourner les pages du livre pour revenir à la première. Je regardais émerveillée l’écriture fine, la mise en page différente de celle des livres sorciers. « Un livre moldu, un certain Shakespeare. Très connu à ce qu’il paraît. » M’expliqua-t-il avec douceur. Il avait déjà compris que j’aimerai ces histoires moldues, il avait déjà compris que mon esprit vagabondait ailleurs, s’inventant des histoires toutes plus farfelues les unes que les autres, un esprit foisonnant d’idées à coucher sur le papier.

« Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence. » « Une heure de retenue devrait vous faire retrouver la mémoire Miss Weasley. » Me dit le professeur de métamorphose d’un ton sévère. Je l’observais d’un ton neutre, après tout je venais de manquer le premier cours de l’année. Et ce n’était pas la première fois que j’oubliais d’aller à un cours. Heureusement, ce n’était pas toutes les semaines et encore moins tous les mois, c’était rare mais ça arrivait. J’étais tellement heureuse de retrouver la maison de Serdaigle et tous mes amis, que j’en oubliais pourquoi j’étais réellement à Poudlard. Ma mère dit souvent que ma tête dans les nuages et mon air rêveur me perdront ; et elle n’avait pas tout à fait tord. J’étais partie à la recherche d’une amie lorsque que j’étais tombée sur la salle des trophées ; pour la première fois depuis trois années à Poudlard, l’occasion d’y passer quelques heures se présentaient. J’étais partie si loin dans mon imagination et dans les histoires que je m’inventais en imaginant la vie de tel ou tel sorcier, dans les notes que j’avais pris sur mon petit carnet, que j’avais oublié mon cours de métamorphose. Le professeur lui, s’en était bien souvenue quand il m’avait croisé dans la grande salle puis emmener dans son bureau après le repas du midi. Un désastre, mes parents allaient me tuer, une heure de colle le deuxième jour de classe. Digne d’un Weasley après tout. C’est ainsi que se sont déroulées mes années à Poudlard, entre calme et agitation, entre rêverie et heures de classe, entre amitié et amour, entre haine et passion. Merveilleuses.

« La mort qui a sucé le miel de ton haleine n'a pas encore eu de pouvoir sur ta beauté » Perdue dans un autre univers, je changeais le gant froid que ma mère avait placé sur le front fiévreux de mon père. Ces derniers jours, mon monde s’effondrait doucement ; je pouvais apercevoir un nouveau détail de ma vie qui ne serait plus jamais le même, comme si ce supplice était un prémices aux horreurs que nous allions connaître. Mon père sursauta légèrement, poussa un cri puis referma les yeux : les spasmes étaient de plus en plus fréquents, et ils ne présageaient rien de bon. « Le sinistros ? » entendis-je la meilleure amie de ma mère demander. J’écoutais leur conversation d’une oreille distraite. J’étais rentré pour les vacances du printemps, quelque jour après avoir appris la nouvelle. « Oui. » Dit sombrement ma mère. « Je l’ai entendu hurler. Je suis montée immédiatement à l’étage de peur qu’il se soit blessé avec un de ces objets moldus. Tu sais, il travaillait sur une sorte de radio moldue, j’ai toujours peur qu’il se blesse. Je l’ai vu fixant quelque chose, les yeux dans le vide, puis … il a … oh par merlin. Tu aurais du le voir … il avait perdu l’esprit. Tous ces mots … ces … » La voix de ma mère se perdit dans un flot de larme, je ne compris plus rien, je sentais juste mon cœur se serrer. Je le sentais si fort dans ma poitrine. Ces derniers jours, j’aurai voulu hurler toute ma colère au monde entier. Mon père ne s’est plus jamais comporté normalement après avoir vu le sinistros, et les gens autour radotaient. J’avais l’habitude des moqueries, c’est le prix à payer pour être une Weasley, seulement je n’avais pas l’habitude que les gens autour traitent mon père comme un idiot, un véritable fou, alors qu’il était sur le point de… Il bougea à mes côtés, je lui pris la main essayant de comprendre ce qu’il me disait. « Le sinistros… le sinistros… mort … » Mon père s’agita encore un peu plus. « C’est un mauvais présage … cachez-vous ! Le si… tros » Dit-il en s’étouffant tandis que je tenais sa main pour le calmer. Mon livre se trouvait sur le coin de la table de chevet, je le pris et commença à lire. Il adorait les livres moldu, c’est mon père qui m’avait donné la passion de la lecture et de l’écriture ; j’essayais de le calmer, de lui signaler ma présence avec ce ci petit objet qui nous liait tant. Depuis que le début des évènements, je n’avais pas pleuré, ma mère passait suffisamment de temps à le faire pour nous tous. Je ne pleurerai pas tant que mon père sera encore là pour m’en donner la force. Quelques heures plus tard, je m’occupais du repas que nous avait préparé tante Sybelle. La journée avait commencé tôt, avec de la fatigue, de l’inquiétude et une tension qu’on ne connaissait pas chez les Weasley ; et je savais par avance, qu’elle se finirait tard. Je le savais. Tout au fond de moi. Je savais. Ma mère déboula en trombe dans la cuisine, elle pleurait comme jamais. Derrière, mes aînés avaient une mine affreuse, des larmes sur leurs joues, ils essayaient de la tenir de sorte qu’elle ne tombe pas. Ma cuillère s’écrasa lamentablement sur le sol, salissant tout le carrelage, je relevais la tête lorsque ma tante me pris par les épaules. La repoussant d’un mouvement agressif et vigoureux que je ne connaissais pas je courais en montant les escaliers. Puis je le vis, pâle et figé, à jamais. Mon cœur tressauta, mon esprit sembla se perdre dans le néant, ma tête tourna, j’eus à peine le temps de m’apercevoir que je pleurais à chaudes larmes que se fut le noir complet. Mon père est mort fut ma dernière pensée, ma plus terrible pensée.

« Le fou, l'amoureux et le poète sont farcis d'imagination. » La maison des Weasley était en effervescence. Hier soir, nous nous étions tous réunis pour fêter mon nouveau travail à la gazette des sorciers. Mon tout premier travail devrais-je dire. J’étais heureuse, excitée et morte de trouille à l’idée de débuter dans quelques heures seulement. Ce job en hors était si convoité, je n’en revenais pas d’avoir été choisi pour écrire un des journaux les plus connus du monde magique. « Sutter, tu imagines ! Je vais publier mes articles dans la gazette du sorcier. Peut-être qu’un jour je serai rédactrice en chef et alors, je serai suffisamment connue pour pouvoir publier mes propres bouquins … » Dis-je d’un ton rêveur, et absent. Ma cousine était venue le matin même pour m’aider à m’habiller. La bibliothèque de ma chambre était immense, un mur entier. Evidemment, il ne s’agissait que de livres d’occasions, offerts pour mes anniversaires ou encore apportés par mon père après les avoir trouver dans le monde moldu, nous n’avions pas assez d’argent pour se permettre d’acheter autant de livres. Un pincement au cœur se déclencha à la pensée de mon père, j’aurai aimé qu’il soit là. « Tu devrais mettre celle ci. » Entendis-je derrière moi. Lorsque je me retournai je vis Sutter avec une robe magnifique, simple et gracieuse. « Nous nous sommes cotisé pour te l’acheter, un cadeau familiale. On sait que tu rêves de ce moment depuis tes cinq ans, il fallait marquer le coup. » Dit-elle un grand sourire aux lèvres. J’eus envie de pleurer tellement mon bonheur était intense. Je pris Sutter dans mes bras, ne sachant quoi répondre à tant d’amour de la part de ma famille. J’étais fier d’être une Weasley.
La gazette du sorcier était un bâtiment surprenant. Lorsque mes pieds franchir la porte, des émotions surprenantes déferlèrent en moi. Il y avait eu tellement de sorciers connus qui étaient passés dans ces couloirs qu’ils dégageaient une ambiance étrange, comme s’ils appartenaient à un lieu Saint. Une femme vint à ma rencontre, elle était vêtue d’un habit sorcier assez sobre, le chignon qu’elle avait confectionné lui durcissait le visage et ses traits semblaient si tirés qu’elle aurait pu effrayer un hippogriffe. « Vous devez être Miss Solange Weasley ? » Demanda-t-elle froidement. J’acquiesçai et, sans avoir pu dire un mot, elle s’empressa de continuer. « Ma collègue a été fort impressionné par votre entretien, je dois moi-même avouer que vos notes obtenues à Poudlard force le respect. Je suis la rédactrice en chef de votre service. Veuillez me suivre, je vais vous montrer votre bureau. » Et d’un pas assuré, elle commença à avancer sans m’accorder un regard de plus. La supporter tous les jours n’allait pas être aisé, le fait de savoir que c’est sa place que je convoite d’ici quelques années beaucoup plus. Je passais mes mains sur ma robe méticuleusement choisie pour l’occasion, ma nouvelle vie commençait. Au fond de moi même, une pensée pour mon père surgit, j’espérais qu’il était fier de moi.

« Etre ou ne pas être : là est la question. » Les nuages étaient devenus gris dans le monde magique. La guerre prenait une ampleur que nous n’avions jamais imaginé. A présent on utilisait le terme qui convenait : guerre. Ce simple mot qu’il y a à peine quelques années les sorciers n’osaient pas prononcés. Ceux qui étaient assez vieux pour l’avoir vécu, ou plutôt connaître quelqu’un qui l’a vécu, se souvenaient très bien du terrible Grindelwald et des ravages provoqués. Il se murmurait que ce n’était rien à côté de ce qui était en train de se produire. Personne n’aurait jamais pu imaginer que le Seigneur des ténèbres prendrait autant de puissance et alignerait autour de lui autant d’adeptes. Ils avaient bien caché leur jeux ces sorciers : surtout des sang-purs certes. Même nous les Weasley étions parfois regardé de travers, et pourtant tout le monde sait que nous sommes considérés comme des traitres à leur sang, tout le monde sait que nous n’avons rien contre les sang-mêlé ou les nés-moldus, même contre les moldus eux-mêmes bien au contraire. Sauf que nous étions en guerre, et dans ce genre d’événement, tout est permis. Tous les jours, des gens meurent, je le sais mieux que personne moi qui travaille à la gazette du sorcier ; parfois lorsque quelqu’un perd un membre de sa famille il doit être remplacé durant quelques temps, il m’arrive donc de quitter mon service pour un autre. Au départ, je ne pensais pas que cela nous toucherait autant ma famille et moi, comme tous les sorciers sans doute. Mais depuis le départ de Faustin, je me rends compte que nous ne sommes à l’abris de rien ; je me suis endurci légèrement, parce qu’il faut aller sur le champ de bataille. Je sais que mes proches n’aiment pas me voir si proche de terrain, mais mon poste à la gazette du sorcier est une mine d’or pour l’ordre du phénix, je peux rassembler pleins d’informations tous les jours. J’ai peur du moment où vous savez qui prendra le contrôle des journaux, j’espère que ça n’arrivera jamais. Tout n’est que peur et folie, le monde dans lequel je vis aujourd’hui n’est que chaos, et j’essaie de trouver de la lumière dans chaque recoin. Un seul brin de lumière suffit.